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Robotisation dans l’industrie : halte aux fantasmes !

robotisation dans l'industrie

 

Du modèle humanoïde qui se retourne contre son créateur au modèle microscopique capable d’aller détruire une tumeur sans qu’il soit nécessaire d’opérer, les robots alimentent à la fois les pires craintes et les espoirs les plus fous. Pour tous ceux qui ne sont pas habitués à côtoyer ses déclinaisons réelles au quotidien, l’archétype du robot nourrit des fantasmes qui n’ont pas lieu d’être dès lors que l’on parle de robotique industrielle. Jean-Hugues Ripoteau, Président de FANUC France, démonte ces idées reçues dans une vision très pragmatique de l’alliance homme-machine.

Les hommes et les robots se partagent la création de valeur

Le robot industriel crée de la valeur parce qu’il est capable d’effectuer une tâche répétitive rapidement et sans se fatiguer. Vouloir à tout prix maintenir des humains à des postes qu’il est capable d’occuper c’est offrir aux dits humains des perspectives bien réduites tant sur le plan de l’épanouissement professionnel que sur le plan financier.

Songerait-on aujourd’hui un seul instant à remettre des hommes à charger une machine ou déposer des pièces sur un tapis de convoyage, et ce huit heures par jour ?

Pour bien penser l’automatisation de son entreprise, il faut répondre à deux questions essentielles : où mon processus de création de valeur nécessite-t-il des compétences foncièrement humaines et quelles sont ces compétences ?

L’homme qui travaille dans un environnement robotisé crée de la valeur parce qu’il sait apprendre au robot, l’entretenir, le réparer au besoin mais aussi et surtout parce qu’il peut décider de changer l’ordonnancement pour livrer un client plus vite, détecter un problème sur une matière première et la retirer de la chaîne… Dans une alliance homme-machine intelligente, l’homme gère, la machine exécute.

Pour les millenials, le robot industriel est un outil comme un autre

Demandez à un enfant de 10 ans ce qu’il veut faire plus tard ; il y a peu de chances qu’il vous réponde « je veux travailler sur une chaîne de production ». L’industrie manufacturière de masse fait rarement figure de Graal professionnel. Ne nous handicapons pas plus encore en n’offrant pas aux jeunes des outils à la hauteur de leurs attentes.

Qui imaginerait un seul instant postuler dans une entreprise non informatisée et réapprendre (ou apprendre d’ailleurs) à utiliser ce bon vieux télex ?

Si le robot fait peur, c’est aux anciennes générations moins technophiles. Pour les plus jeunes, les lignes robotisées sont le signe d’une entreprise dans l’air du temps. Et programmer un robot, je le vois tous les ans dans les Olympiades que nous organisons, c’est passionnant ! Plus même que de construire un monde virtuel dans un jeu vidéo parce que le résultat est quelque chose de très concret.

Le robot industriel est encore loin de penser par lui-même

On parle énormément d’Intelligence Artificielle et derrière ce mot se cachent encore bien des fantasmes. Nous avons mis des années (et utilisé un bon nombre de cerveaux humains) à doter nos robots industriels de la vue et du toucher et nous sommes encore bien loin d’égaler les sens humains. Dans l’horlogerie de luxe par exemple, les opérations de finition sont toujours faites à la main car elles exigent un vrai savoir-faire qu’il faut 10 ans pour acquérir et qui ne s’exprime pas en équations. L’Intelligence Artificielle est une création humaine qui nécessite beaucoup de ressources ; c’est un gisement d’emplois colossal.

Alors oui, on peut imaginer demain des robots qui apprennent plus vite, seuls ou en mode collaboratif, des lignes de production qui s’auto-pilotent, des machines qui réparent d’autres machines… Oui il y aura peut-être de moins en moins d’hommes dans les ateliers de production. Oui les métiers vont évoluer et il va falloir que la formation initiale comme la formation continue suivent. Mais cela ne signe pas la mort de l’emploi comme certains le prédisent.

Chez FANUC, depuis 20 ans, ce sont des robots qui fabriquent nos robots mais nous créons des emplois tous les jours. Pourquoi ? Parce que nous nous focalisons sur la valeur que nous apportons à nos clients, c’est à dire des points de compétitivité, et qu’améliorer la performance des processus industriels impose des compétences éminemment humaines.

Photo © BCG / Boston Consulting Group

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